Affaire du médecin de la police du Grand Est accusé d'agressions sexuelles : "Ce n'est que la face émergée de l'iceberg"

Le médecin inspecteur régional Grand Est de la police nationale, accusé d'agressions sexuelles lors des visites médicales, a été suspendu de ses fonctions et placé en garde à vue. Jessica Guerrache, déléguée syndicale Vigi à Colmar, est persuadée que l'affaire ne fait que commencer.

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Ils sont au nombre de neuf. Sept femmes et deux hommes, élèves de la police de Reims, ont porté plainte en juin 2018, contre le médecin inspecteur régional du Grand Est de la police nationale, pour agressions sexuelles. Il comparaîtra le 14 mai devant le tribunal correctionnel de Reims, selon L'Union. Les faits se seraient déroulés derrière les grilles de l'école de police de Reims les 12, 13 et 14 juin 2018, à l'issue du concours de gardien de la paix, traditionnellement ponctué par une visite médicale d'aptitude.

Pour le syndicat Vigi et Jessica Guerrache, déléguée locale à Colmar et elle-même en litige avec le médecin, c'est un soulagement. Contactée par nos équipes, elle nous livre : "J'ai ressenti un très gros soulagement, car je connais personnellement des victimes. Je suis satisfaite pour elles.

Le seul cas concret que je connaisse date d'avril 2017. C'étaient des atteintes sexuelles, avec des palpations mammaires et des tests pendant les visites médicales qui étaient humiliantes et dégradantes pour la fonctionnaire.

Des faits connus de la hiérarchie

Jeudi 7 février 2019, France Bleu Lorraine dévoilait que le praticien avait été suspendu de ses fonctions et placé en garde à vue ces dernières semaines. Après ces révélations, nos confrères rapportent que les langues se délient, malgré un courrier de la direction de la police rappelant aux fonctionnaires messins leur "devoir de réserve".
 
Dans la région, l'affaire dérange. Âgé de 63 ans, le médecin inculpé est le "monsieur santé" de la police dans le Grand Est. Basé à Metz, il a compétence sur 10 départements. C'est lui qui délivre le sésame, le certificat d'aptitude et suit les policiers de la région tout au long de leur carrière.

Il aurait d'ailleurs usé de cette position hiérarchique auprès des victimes, toujours selon France Bleu Lorraine. Dans un des témoignages, une policière rapporte qu'à l'issue de sa scolarité à Reims en 2015, lui aurait demandé de retirer son soutien-gorge pour vérifier qu'il n'y ait pas de tumeur mammaire. Ce qu'elle aurait refusé, justifiant être déjà suivie par une gynécologue. Le médecin l'aurait ainsi menacé : 

C'est comme ça, vous retirez votre soutien-gorge, je suis médecin de la police, si vous ne retirez pas vos dessous, il n'y aura pas de validation.


Pour le syndicat Vigi, les faits étaient connus de la hiérarchie. "Comment a-t-on pu laisser depuis autant de temps ce médecin agir ?, s'interroge Jessica Guerrache, en sachant qu'il y avait des rapports écrits depuis à mon sens 2017." Pour le déléguée syndicale, l'affaire est loin d'être terminé :

Aujourd'hui, ce qu'on voit, ce n'est que la face émergée de l'iceberg. Je crois qu'il y a encore beaucoup à creuser à propos des agissements de ce médecin.
 

Des accusations "sur le fond"

Jessica Guerrache assure que les cas d'agressions sexuelles ne sont pas le seul problème avec le médecin mis en cause : "Il y a une enquête en cours, j'ai déposé plainte mi-novembre, sur la compétence même du médecin." Elle explique : "Vigi dénonce des agissements graves, des menaces, des intimidations, des droits outrepassés, des diagnostics posés hors compétences…"

Des agissements dénoncés par le syndicat depuis novembre 2018. Vigi avait d'ailleurs distribué des tracts et réclamé les démissions du ministère de l'Intérieur Christophe Castaner et du directeur général de la policie nationale, Eric Morvan. "Ce qui vaut à notre secrétaire général, Alexandre Langlois d'être assigné en justice pour diffamation, le 28 février au TGI de Metz et en conseil de discipline le 20 février", explique Jessica Gerrache. Ce que Vigi dénonce également dans ce tweet :
 
Une autre plainte a été jointe au dossier pour des faits similaires remontant à 2014 à Mulhouse. Déféré la semaine du 4 février au parquet, l'auteur présumé de ces agressions sexuelles comparaitra le 14 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Reims. Quant au procureur de la République de Reims, sollicité à plusieurs reprises, il n'a pas souhaité s'exprimer.
 
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